Radnor tire son histoire d’une longue tradition d’excellence et de faits historiques hors du commun.
D’abord les forges
En 1854 furent inaugurées les forges Radnor. Un correspondant du Journal trifluvien l’Ère Nouvelle, fort impressionné par les six tonnes de lave crachées chaque jour par le haut fourneau le décrivit comme suit ; « gigantesque, semblable au Vésuve en fusion, ses entrailles sont un feu embrasé. » Merveille industrielle de l’époque, les avancées technologiques des forges et leurs propriétaires visionnaires n’en restèrent pas là et quelques années plus tard on pouvait compter jusqu’à 40 tonnes de production par jour ce qui en faisait la force de transformation la plus puissante de tout le Canada.
C’est aux forges Radnor que furent coulées les roues des premiers wagons du Chemin de fer du Nord et du Pacifique Canadien. On y coulait aussi les légendaires poêles à deux ponts, des chaudrons, des marmites et du fer en gueuse. Comme les chemins n’existaient pratiquement pas au début de l’exploitation des forges Radnor, on entassait le minerai l’été, pour l’expédier l’hiver en traîneaux aux Trois-Rivières.
Le minerai traité aux forges Radnor était extrait de la région environnante. Il contenait environ 40% de fer. La fonte Radnor était reconnue comme la meilleure sur le marché, ainsi qu’en fait foi une roue de char produite à l’exposition internationale de Chicago en 1862. Cette roue avait parcouru 150,000 milles (241,000 km) sans indiquer de trace d’usure. Le fer des forges Radnor était laminé avec tant de compétence qu’on pouvait serrer un nœud dans une barre de ce fer, sans qu’il se produise de fissure dans le métal.
À cette époque, une trentaine de maisons à deux logements furent construites pour loger les employés des forges et y ériger le village. Les fondeurs recevaient un dollar trente-cinq pour douze heures de travail, les manœuvres touchaient quatre-vingt-dix cents pour dix heures. Les apprentis se contentaient de quatre cents de l’heure. Les habitations du village de Radnor, de même que les fourneaux, pompes et tuyaux furent démolis en 1916.
Pourquoi le nom Radnor?
Le nom Radnor perpétue la mémoire de M. Hall, bailleur de fonds des premières forges en 1854. Ce nom est celui du comté de Radnorshire, dans le pays de Galles, patrie d’origine de la famille des financiers Hall du Canada. Lorsque des sources d’eau minérale furent découvertes, le nom s’imposa avec encore plus d’insistance, parce que les eaux Radnor étaient déjà célèbres en Europe.
La source
C’est le 14 juin 1894 que fut découverte la source d’eau minérale Radnor. Immédiatement, les directeurs des forges décidèrent d’exploiter commercialement cette eau limpide. Ils la baptiseront « Radnor, Reine des eaux » et portera même une couronne impériale au centre de sa vignette. Le 25 octobre 1905 marque une date très importante dans l’histoire des sources Radnor. Ce jour-là, en effet, l’économe de sont altesse Royale le prince de Galles, accordait aux propriétaires de l’entreprise l’autorisation de fournir l’eau minérale à sa table royale.
Quand à treize ans, le jeune Pierre-Alfred Boisvert entre au service de Radnor Water Company, au salaire de 25 cents par jour, il était loin de se douter que 33 ans plus tard il en deviendrait le propriétaire et le second fondateur de cette grande organisation.
En 1918, on abandonnait l’exploitation de la source à cause de la prohibition réglementée dans la province. Comme les consommateurs d’alcool étaient d’importants clients de la compagnie, l’usine était obligée de fermer ses portes, par suite de la loi Scott. C’était dommage, car l’eau minérale Radnor jouissait d’une enviable réputation au pays et à l’étranger.Le 15 décembre 1930, l’exploitation de la source reprend vie avec son nouveau propriétaire, Monsieur Pierre-Alfred Boisvert, qui projette d’en faire une entreprise familiale qu’il exploitera avec tous ses fils.
M. Boisvert se mit immédiatement au travail en ajoutant des lignes de liqueurs douces à sa gamme de produits d’eau de source. M. Boisvert aimait raconter qu’il a fait ses premières livraisons en voiture dans le village de Saint-Maurice, ce qui ne manquait pas d’inquiéter certains épiciers sur la capacité de répondre à la demande grandissante des clients pour les breuvages Radnor. Ces craintes ne furent bien sûr pas fondées, car bientôt le réseau de distribution s’étendit à travers la province grâce à une flotte de plusieurs camions.
En 1953, on agrandit l’usine d’embouteillage pour rendre celui-ci automatisé à la fine pointe de la technologie. L’équipement moderne facilite le travail du lavage et de la stérilisation des bouteilles. Les caisses sont transportées aux camions qui peuvent entrer dans l’usine, sur des chaines sans fin. On a l’impression de se trouver dans une grande maison bien entretenue. C’est ce qui frappe le plus les nombreuses délégations qui viennent visiter l’usine.
Rien ne fait plus plaisir à M. Boisvert que de voir ses sept garçons et ses quatre filles, qui sont tous impliqués directement dans son usine. Il aime recevoir dans sa maison ses onze enfants et ses trente petits-enfants. Il attribue d’ailleurs une part du succès de son entreprise à son épouse et ses enfants, qui ont toujours secondé ses efforts. Un des breuvages les plus appréciés est le « RS » Radnor Spécial dont la marque a été lancée en 1949. En 1951, l’orange Miami a fait son apparition et elle est rapidement devenue un des produits chouchou des clients de Radnor.
Après quelques décennies à faire le bonheur des amateurs de liqueurs douces produites en région, les breuvages Radnor ont dû se résigner, non sans peine, à céder la place aux rouleaux compresseurs marketing des grandes marques multinationales, en abandonnant la production des liqueurs douces. Avec Serge Boisvert, petit-fils de Pierre-Alfred Boisvert, à la barre des Breuvages Radnor depuis 28 années, l’entreprise poursuit sa mission d’offrir à ses clients « la Reine des eaux », toujours aussi rafraîchissante et délicieuse. L’entreprise peut même se targuer d’être parmi les premiers embouteilleurs d’eau de source au Canada.